En attente des mariages...

Nessameldë entra dans l'enceinte de la Cité sans avoir ralenti l'allure d'Anarfin et s'arrêta devant les écuries d'Edoras. Un garde l'invita à mener son cheval à l'intérieur où une stalle avait été aménagé pour lui. Doucement, elle caressa son cheval et lui flatta l'encolure:

"Merci mon beau de m'avoir mené si vite et si loin... Prend ton repos, il est bien plus que mérité..."

Des Rohirrim l'aidèrent à défaire les bagages fixés sur la croupe d'Anarfin et les menèrent à l'intérieur du Chateau.
Là, l'Elfe fut guidée par une servante qui l'amena jusqu'à la chambre qui avait été préparée pour elle pour toute la durée des festivités. Celle de Galadriel était attenante.
On la laissa seule pour son repos, mais Nessameldë n'en avait pas besoin. Elle remarqua un bouquet de belles fleurs rouges fraichement coupées, au parfum suave une petite table de nuit juste à coté de sa couche. Elle sourit de la délicate attention, s'approcha pour les sentir puis erra un moment dans la chambre, les yeux en l'air, pour admirer les tapisseries qui recouvraient entièrement les murs et jetta un regard par la fenêtre. Loin en contrebas la cité remuait de cris d'hommes et de femmes, de rires et de jeux d'enfants. L'effervescence était à son comble et déjà les habitations commençaient à être ornées de décorations de fêtes, les drapeaux du Rohan claquaient déjà hauts dans le vent, tandis que les bannière du Roi étaient en train d'etre hissées.

*Cette vie est tellement différente de celle des Eldar...* songeait elle

Chaque action des humains était guidée par la précipitation et la soif de vivre. Le temps semblait leur manquer pour tout et ils couraient après les jours et les heures qui leur glissaient entre les doigts pour un peu de bonheur... La vie des Elfes n'était pas ainsi guidée par l'échéance de la mort mais en était-elle plus heureuse?
Elle se détourna de cette vision et s'approcha d'une petite bibliothèque où étaient rangés quelques livres. Nessameldë les feuilleta lentement et reconnu le language rohirric. Elle avait appris à manier cet idiome au fil de ses voyages. Il était certes complexe mais incroyablement riche en nuances de sonorités et de mots... Elle se laissa donc glisser dans un siège et s'évada pour un long moment dans les légendes du peuple des chevaux...

Lorsque Nessameldë leva finalement les yeux de son ouvrage, la nuit était à présent tombée et dans le château régnait un silence inhabituel. Plongée dans sa lecture, elle se souvenait à peine avoir entendu la porte s'ouvrir, deux servantes entrer lui allumer un feu et de les avoir remercié. Un brasier crépitait maintenant joyeusement dans l'âtre et emplissait la pièce d'une douce couleur chaude.
Cependant Nessameldë n'avait pas envie de rester à l'intérieur. En Lorien, aucune habitation n'était vraiment fermée et toujours on pouvait sentir la légère brise nocturne caresser son sommeil. Elle savait la ville endormie et ne comptais pas y rencontrer âme qui vive mais elle poussa doucement la porte de sa chambre et sortit. Elle traversa lentement les couloirs, puis la grande salle du trône et ouvrit la porte. Les gardes furent étonnés de voir sortir quelqu'un à cette heure si tardive, d'autant qu'eux meme sentaient la fatigue les gagner. Nessameldë regarda la ciel et respira profondément, puis elle se tourna vers eux, leur sourit, un léger filet de vapeur s'échappant de ses lèvres:

"Belle soirée Messieurs!"

Elle ne portait pour tout vêtement qu'une fine robe de soie rouge, sa gorge était largement découverte et ses chaussures semblaient etre invisibles. Pourtant le froid n'avait aucune prise sur sa peau d'immortelle...

En errant au milieu des habitations des Rohirrim, Nessameldë prit conscience qu'elle n'avait pas encore prit le temps de découvrir la ville. Elle avait peu changé depuis sa dernière venue ici qui remontait... à quelques siècles déjà, c'était au temps de Fengel, aieul du Roi Théden. Elle n'avait certainement pas gardé un bon souvenir de l'accueil que lui avait fait cet homme froid et autoritaire envers son peuple comme envers les étrangers... Il n'en allait pas de même du peuple du Rohan qui l'avait fort bien considéré malgré un certain recul du fait de sa condition d'Elda...
Elle sourit se souvenant qu'à l'époque, elle avait surpris une conversation entre deux hommes où l'un disait à l'autre de ne pas la regarder dans les yeux car alors toute sorte de prodiges le frapperaient lui ainsi que toute sa famille. C'était le temps où l'ombre de Sauron rampait sans bruit, s'apprêtant à frapper de nouveau... Nessameldë leva les yeux vers la voûte céleste et regarda la Valacirca, grappe d'étoiles scintillantes entre toutes. La Faucille des Valar, si elle avait perdu de son intensité depuis la chute de Bard-Dur, brillait toujours d'un feu qui ne trompait pas...

*Non, la terre du Milieu n'est pas débarassée de tout Mal...*

Elle soupira d'impuissance et de lassitude. Au meme moment, son attention fut attirée par les écuries. Son instinct mena alors ses pas dans cette direction et ce ne fut qu'arrivée dans l'embrasure de l'entrée qu'elle entendit des sanglots...

Nessameldë s'avançait sans bruit dans l'allée centrale et se laissa guider par son oreille. Elle vit alors une stalle ouverte où une jument piaffait d'énervement et ne semblait pas pouvoir trouver le repos. Un petit garçon était assis dans un coin et versait des larmes silencieuses devant le manège de la bete. L'Elfe resta là sans bruit à le regarder essayant de percer le mystère de son chagrin. Sentant un regard posé sur lui, l'enfant releva la tete d'un coup et voyant qu'il n'était pas seul s'essuya prestemment les yeux en reniflant.

"Pourquoi pleures-tu petit garçon?" demande Nessameldë d'une voix douce. Celui se contenta de fuir son regard et de se faire le plus invisible qu'il pouvait. Devant son silence, Nessameldë d'approcha de la jument qui émit un léger mouvement de recul, mais finalement devant sa main tendue et immobile vint la lui renifler timidement.
"Quel est son nom?" demanda-t-elle.

Le petit garçon fut à la fois vexé et intrigué que sa jument fasse ainsi confiance à une inconnue mais il avait entendu parlé des sortilèges des Belles Gens sur les animaux et il consentit alors à parler:

"Léofa..."

"Léofa..." répèta Nessameldë
"Cela signifie "Bien-aimée" non? C'est toi qui lui a donné son nom?"

Aux deux questions, l'enfant répondit par un hochement de tete:

"Oui, et c'est mon cheval." Nessameldë nota le ton fier avec lequel il avait prononcé ces dernières paroles et sourit imperceptiblement."Alors c'est un très beau cheval que tu as là jeune homme... Le maitre a-t-il lui aussi un nom?" demanda-t-elle avec une pointe d'humour.

"Je suis Deorn. Et son maitre, je ne sais plus vraiment si je le suis encore... Elle ne me répond plus, c'est à peine si elle me reconnait..." termina-t-il dans un soupir.

Nessamedë fronça légèremment les sourcils:

"Les liens entre un cheval et son maitre ne se brisent pas ainsi... Est-elle souvent comme ça?"

Léofa tapait du sabot nerveusement semblait avoir du mal à supporter toute présence trop proche d'elle. La voyant ainsi, le coeur de l'enfant se serra et l'Elfe le sentit.

"Non, jamais. Sauf depuis une semaine. Elle ne mange plus et elle ne laisse plus personne l'approcher... Meme pas moi..."

Nessameldë entra doucement dans la stalle et s'approcha prudemment:

"Ca ne dois pas etre bien méchant... Ne t'inquiètes pas... Si c'est ce à quoi je pense dans quelques semaines tout ceci devrait etre régler..."

"Je sais quel sort attend les chevaux fous... Je sais bien comment le sien sera réglé! Mais je ne laisserait jamais faire une chose pareille!" s'exclama Deorn.

Nessameldë rit en grattant le pelage de Léofa entre les deux oreilles.

"Ca n'est pas drole!" s'insurgea-t-il encore.

Devant sa mine contrite, l'Elfe se tut, laissa glisser sa main vers le ventre de l'animal et le palpa avec minutie. Deorn la regarda, muet, tentant de comprendre ce qu'elle faisait. Enfin, elle sortit et le rejoignit:

"Donne lui amour et repos, c'est tout ce que tu peux faire pour elle pour l'instant..."

En s'éloignant vers la sortie des écuries, elle se retourna et lui lança dans un rire:

"Cette stalle sera bientot trop petite, jeune homme, il faudra bientot penser à en trouver une autre..."


Nessameldë regagna la nuit fraiche et remonta prestemment vers Meduseld.
De cette nuit, elle garda toujours le souvenir de l'étincelle qui brillait dans les yeux du garçon lorsqu'il eut comprit ses derniers mots...

[C'est magnifiiiiiiiiiiique!!!!J'adore l'histoire de cette adorable jument et de son maitre!!je t'admire!!!!!bravo ]

[Roooh! chuuut! tu dis n'importe quoi!!! Loool! non en tt cas merci bcp c'est gentil ça me fait plaisir! ]

Les rayons du soleil baignait déjà depuis longtemps la chambre de Nessameldë lorsque celle ci ouvrit les yeux. Une hirondelle s'était posée sur le rebors de sa fenêtre et l'Elfe l'observa un moment de ses yeux mi clos, puis elle s'approche silencieusement et tendit un doigt à l'oiseau qui sauta avec légèreté dessus.

* L'hiver est bel et bien terminé, arrivent les beaux jours... *

En effet, pas un nuage ne venait obscurcir le ciel d'azur...
Après avoir fait quelques ablutions matinales, elle s'habilla et sortit. Tout ce temps, elle s'était demandé si sa maitresse était éveillée. En réalité, c'était une question bien inutile, car elle savait que Galadriel ne dormait jamais vraiment et qu'à Caras Galadhon, il n'était pas rare de la voir vivre de nuit de la même manière que le jour.
Nessameldë non plus n'avait pas su trouver le repos cette nuit. La couche était pourtant excellente et aucun bruit ne l'avait perturbée. Pourtant ses songes avaient été troublés par un sentiment qu'elle avait ressenti à chaque fois que l'Ombre s'étendait sur la Terre du Milieu. La peur avançait... Son visage était ainsi grave de doutes lorsqu'elle frappa doucement à la porte d'à côté. Elle entendit la voix de la Dame de Lumière l'inviter à entrer.

"Comment sait-elle à chaque fois inmanquablement que c'est moi?" se demanda-t-elle en souriant, tandis qu'elle poussait la porte.

La Dame se tenait là en compagnie du Seigneur Celeborn qui était arrivé avec son escorte bien avant que ne pointe le jour. Nessameldë s'empressa de s'incliner bien bas.

"Bonjour ma chère. Avez vous fait bon repos?" s'enquit Galadriel.

Nessameldë, qui n'avait jamais pu cacher son inquiétude quelle qu'elle fut, répondit:

"Assez mauvais en réalité... Des rêves que j'ai eut... Des cauchemards plutôt... Ils me parlent de malheurs et de destructions..."

Galadriel hocha la tete, son air s'était assombri tout à coup:

"Je sais, les mêmes pensées ont hanté ma nuit..."

Le seigneur Celeborn parla pour la première fois depuis l'entrée de Nessameldë:

"La rumeur court que l'Ombre serait de nouveau à l'oeuvre. Il semble que ces derniers temps nous ayons bien trop baissée notre garde..."

Nessameldë soupira et termina avec le ton le plus léger que son trouble le permettait:

"Les jours qui viennent sont jours de bonheur... Ne laissons rien obscurcir cette fete..."