Pendant des jours et des nuits entières, l’esprit corrompu et malsain de Charis l’avait incité à rejoindre les plaines du Mordor pour enfin se mettre au service des plus fourbes créatures jamais conçues. Avant de quitter le village où elle avait grandit et passé toute son adolescence, la jeune femme fit ses adieux à son père adoptif, le roi Tewdrig qui n’était guère heureux de la voir partir si jeune vers un avenir obscure. Quant à ses demi-sœurs, celles-ci n’avaient éprouvés le moindre sentiment au départ de Charis. Elles étaient heureuses de voir leur sœur s’en ailler danser avec la mort. Sa renommée au sein du village avait dépassé les bornes.
Cependant, Charis s’en alla le sourire aux lèvres, sûr d’elle comme toujours. Son sourire carnassier faisait peur à tous les voyageurs qu’elle rencontrait. Ils la redoutaient, ils savaient qu’elle n’était pas du tout une femme docile préférant se plier aux exigences de son mari. Non, d’ailleurs l’idée d’avoir un mari ne lui avait pas encore effloré l’esprit, celui-ci subirait mille tourments et serait constamment harcelé. Non, elle avait trop d’amour propre pour se donner à un homme. Les hommes étaient de viles créatures, traitant leurs femmes comme du crottin, les battant le jour les désirant la nuit, les traitant comme des moins que rien. Voilà comment elle les percevait. Après avoir vécu tant d’années aux côtés de bandits de grands chemins, elle avait pu assister à des choses horrible qui l’avait rendue encore plus folle et psychopathe que d’habitude.
A petit trot de cheval, elle arriva enfin au bout de cette forêt bourrée de danger et interminable, tel un labyrinthe. Le Mordor s’étalait devant-elle à perte de vue, elle n’avait jamais vu pareil abomination. Pendant un instant, elle eut envie de faire marche arrière. Un sentiment de dégoût la traversa et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Le Mordor, ancien royaume de Sauron. Et voilà que maintenant elle avait envie de rebrousser chemin…Non, elle ne le fit pas. Elle continua sa route reprenant contenance. Elle redevint aussi sûr d’elle qu’avant et donna une légère claque à son cheval pour qu’il avance, bien que celui-ci était légèrement apeuré par le nouvel environnement qui l’entourait.