La Terre du Milieu : Chroniques du Quatrième Âge
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 DARILYN

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Nessameldë

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Nombre de messages : 1963
Age : 37
Race, Pays : Noldo, Lothlorien
Metier : Dame de Compagnie de Galadriel
Age du personnage : 6559 ans, très précisément!
Date d'inscription : 16/09/2005

Qui suis-je?
**Citation personnelle**: My light shall be the moon And my path- the ocean My guide, the morning star As I sail home to you...
**Aime/N'aime pas**: Son pays/Tout ce qui sent mauvais et qui a des pustules...

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MessageSujet: DARILYN   DARILYN EmptyVen 5 Déc 2008 - 12:37

    Eh bah finalement il faut croire que j'étais plus inspirée que ce que je pensais! Razz

    Voilà ce à quoi j'ai pu parvenir, si ça ne te plaît pas ou si ça te semble difficile à faire pour ton perso, tu peux me le dire, j'adapterais... Wink

    Sujet: Darilyn fait à présent partie de la troupe de la « Pleine Lune » depuis quelques années, son talent est admiré par tous et elle se sent heureuse au sein de cette petite communauté.
    Oui, mais voilà, au fil de ses pérégrinations la troupe itinérante se retrouve à flirter avec les frontières plus méridionales du Gondor, sans toutefois s’aventurer plus bas. Un soir, sur la place d’une bourgade, tous les badauds peuvent admirer le spectacle offert par la « Pleine Lune ». Au moment où c’est à Darilyn de faire montre de ses talents, entre tous les spectateurs attroupés, elle ne peut s’empêcher de reconnaître certains de ceux qui l’ont autrefois arraché à sa vie d’enfant et ont maltraité son adolescence…


    Pistes: Bien évidemment, la piste des sentiments est à privilégier : la proximité avec le Harad, la présence de ces hommes et les souvenirs qu’ils évoquent…
    Egalement je suis curieuse de sa réaction et peut-être de la leur : l’ont-ils reconnu ? Ca je te laisse le libre choix… Smile

    Bon courage, il me tarde de te lire… Wink
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MessageSujet: Re: DARILYN   DARILYN EmptyVen 5 Déc 2008 - 21:15

Merci, c'est très bien Very Happy Je m'y colle...
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MessageSujet: Re: DARILYN   DARILYN EmptyVen 19 Déc 2008 - 0:44

Bon, c'est parti ! Et une première fournée... écrite en grande partie dans le(s) train(s), et relue avec l'aide (???) du chat :biggrin
Je ne sais pas si j'ai développé ce que tu voulais, patronne, je n'ai pas pu m'empêcher de décrire le début du spestacle...
(c'est pas fini, hein, j'aurais encore plein à écrire...)
*************************************************************



La soirée était claire, et l'air suffisamment frais pour attirer les Gondoriens de cette bourgade au-dehors, sans pour autant leur imposer une incommodité. Après la chaleur écrasante de la journée, l'arrivée du crépuscule était la bienvenue. Sur la grand'place, une troupe de musiciens ambulants avait fait halte. Depuis le temps qu'elle voyageait avec les quatre Rohirrims, Darilyn avait pris sa place parmi eux, son rôle dans les actions quotidiennes. Pourtant, quelque chose la troublait depuis quelques semaines. Les paysages dans lesquels ils voyageaient ressemblaient de plus en plus à son village natal de Nannuol. La 'Pleine Lune' s'était aventurée plus au Sud que jamais, depuis qu'elle en faisait partie. Et les souvenirs affluaient, souvenirs du temps béni où elle vivait parmi les siens, mais surtout, souvenirs plus récents de l'époque maudite qu'elle s'efforçait d'oublier et de chasser de sa mémoire. Oh, bien sûr, elle tentait d'en faire abstraction, mais les images étaient tenaces, et semblaient revenir d'elles-mêmes. Ceux qui étaient devenus comme ses parents d'adoption avaient bien remarqué que quelque chose n'allait pas, que leur jeune camarade était plus songeuse qu'à l'habitude, mais les quelques questions lancées par l'un ou l'autre étaient tellement tombées à plat, qu'aucun d'eux n'avait osé insister. Depuis longtemps, ils avaient deviné que Darilyn cachait un terrible secret, mais ils ne s'étaient pas risqués à tenter d'en savoir plus.

Les événements se déroulaient pourtant comme à l'habitude. Eohlig sifflotait en procédant aux derniers ajustement sur le tissu orné de l'astre des nuits, qui leur tenait lieu de décor. Un peu plus loin, Brimfugol contrôlait l'accord de son violon, Blostma répétait quelques notes en sourdine et, dans ce qu'il restait du chariot à demi démonté, Preosthwit cherchait on ne savait quoi. Darilyn, elle, vérifiait sans grande conviction l'état de ses costumes de scène. Le vert pastel, pour conter la naissance et le printemps. L'orange pâle, pour la floraison, les feux de joie, l'été. Qui ne se prolongerait pas dans la lente décadence de l'automne, mais plutôt par un épanouissement final, que la demoiselle danserait dans un costume blanc immaculé, légèrement argenté. Comme le fruit rond naviguant le long de la voûte céleste, sous la symbolique duquel la troupe était placée : la Lune, Isil la Nacrée. La danseuse s'attachait à ces préparatifs matériels, cela lui évitait de trop réfléchir, de trop se souvenir des événements qui s'étaient déroulés sous des latitudes bien trop proches de celle où, ce soir, la roulotte des baladins s'était arrêté.



Quelques badauds s'arrêtaient brièvement, puis repartaient lorsqu'ils se rendaient compte que la troupe n'était pas encore prête, mais ni Darilyn, ni aucun de ses compagnons ne leur prêtait vraiment attention pour le moment. Bientôt, la halte des passants se fit plus durable, tandis que les musiciens disposaient leurs instruments sur le plancher de la scène improvisée. Puis, enfin, ils s'y installèrent eux-mêmes, deux par deux. D'un côté, Preosthwit s'était assis, la petite harpe posée sur ses genoux. Derrière lui, un peu plus vers l'intérieur, se tenait Brimfugol, le violon calé contre l'épaule. Près du bord opposé, c'est Blostma et Eohlig qui se partageaient l'espace. La femme, assise, avait refermé une main sur le cercle de bois tendu de peau, l'autre sur la courte baguette qui lui servirait à faire résonner l'instrument. Le quatrième Rohirrim complétait la symétrie de la figure, et tenait une longue flûte de bois sombre à portée des lèvres.

Le brouhaha s'estompa sur la place, lorsque Blostma vint marquer les premiers rythmes. Puis la musique sembla se propager jusqu'au côté opposé de la scène, et entrèrent successivement en action, la flûte au timbre léger, le violon aux vibrations chaleureuses, la harpe aux notes délicates. L'air commença doucement, presque pompeusement, en une invitation au spectacle. Darilyn, elle, était restée derrière la tenture aux couleurs de l'astre des nuits. Elle serait la dernière à faire son apparition, comme à l'habitude. Pour l'instant, elle attendait son heure, exécutant presque machinalement de courtes suites de pas. D'une part, pour s'échauffer et faire remonter à la surface de sa mémoire les mécanismes, si ancrés en elle, qui déclenchaient les mouvements de telle ou telle danse. Mais également, pour se rassurer avec des actions familières, et occuper ces quelques instants pendant lesquels elle devait encore attendre, avant de surgir au milieu de ses camarades musiciens.



Le rythme de la percussion s'accéléra, alors que les doigts de Blostma semblaient pris d'une fiévreuse agitation. La danseuse se plaça tout près de l'extrémité de la tenture, elle avait entendu l'interruption de la flûte, et savait qu'Eohlig l'avait reposée, pour se saisir de sa grande cornemuse. Elle s'était avancée juste assez pour voir le discret signe du musicien roux. Ainsi qu'il était convenu, au moment même où déferla la mélodie, amplifiée par son passage au travers de la poche d'air, ses pieds foulèrent le plancher en pas aériens. Ils battaient la scène de bois au rythme de la musique, qui semblait empreinte d'une énergie supplémentaire pour avoir été retenue prisonnière dans l'instrument d'Eohlig.

Tout d'abord, rien ne sembla vouloir gâcher la soirée, rien la distinguer de celles qui l'avaient précédée, pas plus que de celles qui, dans l'ordre naturel des choses, la suivraient. Quand Darilyn entrait en scène, les premiers moments avaient toujours un caractère miraculeux : rien du monde extérieur ne semblait pouvoir l'atteindre, le temps ne comptait plus. Ses pieds jouaient leurs entrechats, comme animés d'une volonté indépendante, et les informations portées par ses sens n'étaient plus analysées par son cerveau.

Ces périodes de bienheureuse inconscience ne duraient malheureusement que très peu. La demoiselle revint à la réalité quelques instants après le moment où, arrivée au milieu de la scène, encadrée par ses aînés, elle pivotait d'un quart de tour pour se retrouver face aux spectateurs. Son regard, dirigé droit devant elle, glissa sur les visages, sans vraiment les distinguer. Pourquoi ce groupe de trois hommes, assemblés autour d'un arbre en bordure de la place, attira-t-il ses yeux ? Sous le choc, elle s'embrouilla dans ses pas, il lui sembla que ses jambes s'alourdissaient et s'emmêlaient. Elle avait pourtant cru reléguer au plus profond des méandres de sa mémoire, ces faces honnies, mais il avait suffi d'un infime instant, pas même le temps d'une inspiration, pour reconnaître l'un de ses anciens ravisseurs des terres du Sud. Son coeur se mit à cogner dans sa poitrine de façon désordonnée, en même temps que ses pieds, au contraire, cessaient de battre le plancher.

L'avaient-ils reconnue également ? Pas de doute possible, celui-ci, c'était le chef de la bande, celui qui se faisait appeler l'Olifant, à cause de sa stature impressionnante. Celui qui avait prééminence sur tous les autres pour s'occuper à sa façon de leur captive harondorienne, et ne se privait pas de faire jouer ce privilège. Celui qui... Par les Valar, pourquoi donc toutes ces précisions lui revenaient si bien ? Tous ses efforts pour oublier n'avaient-ils donc été que vaines tentatives ? Darilyn avait aussitôt détourné les yeux, et fixait maintenant sottement ses pieds, s'attachant à retrouver ses pas afin d'occuper son esprit à autre chose. Elle ne vit pas le regard interrogatif que lui jeta la percussionniste, pas plus que le froncement de sourcils étonné de Preosthwit. En dépit de ses efforts pour revenir à la danse, le coeur n'y était plus, et elle bâcla une dernière suite de mouvements, avant de se diriger vers l'arrière de la tenture, bien avant la fin du morceau.

Malgré leur perplexité croissante, les musiciens continuèrent à jouer, s'adaptant à la sortie de la danseuse, comme si cela avait été prévu. Jamais Darilyn ne leur avait encore fait faux bond ainsi. Qu'avait-elle donc ? Etait-ce seulement un trou de mémoire ? Pourtant, elle était habituellement si perfectionniste, sa réaction les étonnait beaucoup. Peut-être simplement un faiblesse passagère, et elle reviendrait prendre sa place au moment opportun de la mélodie suivante ? Aucun d'eux ne pensa à relier ce comportement étrange à celui de quelques hommes à la peau brune qui, dans un coin de la place, se poussaient du coude avec un rire gras et sonore. Les Rohirrims pensèrent que ceux-ci avaient simplement abusé de l'alcool local, comme il en était en n'importe quel lieu.



La jeune femme, elle, ignorant tout des interrogations qu'elle faisait naître chez ses camarades, s'était laissée tomber à l'avant du chariot, cachée à la vue de tous pas la tenture bleu nuit. Que faisaient-ils ici ? Cette escarmouche qui lui avait permis de recouvrer sa liberté, ne les avait donc pas tous décimés ? D'anciennes images déferlèrent dans sa tête, et elle frissonna. Pourvu que l'Olifant ne l'ait pas reconnue ! Non, c'était ridicule, il ne lui avait fallu à elle qu'un regard pour l'identifier, il en serait certainement de même de son côté. Il n'y avait certainement aucun espoir de le tromper sur son identité, il ne fallait même pas y songer.

Découragée, elle cala ses coudes sur ses genoux, et laissa glisser sa tête entre ses mains. Ils l'avaient retrouvée, et ne la laisseraient par repartir sans tenter de remettre la main sur elle... Ces quelques années de répit ne devaient-elles donc être que temporaires ? Etait-elle donc condamnée à l'esclavage, à des actions réalisées malgré elle, sous la contrainte, à... Non ! Cela ne serait pas, plutôt mourir ! Non, elle ne retomberait pas sous leur domination ! Non... Elle ne put retenir ses larmes, qui cascadèrent bientôt le long de ses joues. Que pouvait-elle bien faire ? Certes, ses amis Rohirrims étaient là, et ils la défendraient, mais ils étaient musiciens, pas guerriers. Que pourraient-ils contre trois hommes, probablement plus, bien armés et habitués à se battre ? Eux qui avaient été si bons avec elle, ils ne récolteraient rien de souhaitable dans une telle confrontation... Non, la situation était inextricable. Elle n'apporterait que désolation à ceux qui l'avaient accueillie parmi eux, comme jadis la destruction s'était abattue sur les siens... Son destin était-il d'attirer le malheur sur ceux à qui elle tenait ?



De l'autre côté de la tenture, les musiciens avaient terminé la mélodie si joyeuse de la première danse, et entamaient le morceau suivant. Il s'agissait d'un air plus mélancolique, dont Darilyn chantait habituellement les paroles, où il était question d'adieux avant un départ pour la guerre. Mais l'introduction, menée par le violon, que soutenait de lents arpégés dessinés par les ongles de Preosthwit contre les cordes de bronze, se passa sans que la blonde jeune femme ne fasse son apparition. Peut-être s'était-elle blessée en faisant un faux mouvement ? L'inquiétude commençait à gagner les Rohirrims. Il fallait aller voir ce qui empêchait la danseuse de jouer son rôle dans le spectacle, elle qui était pourtant si volontaire tous les soirs. Blostma posa sa percussion et, alors qu'Eohlig joignait sa flûte au duo comme si de rien n'était, elle passa à son tour derrière la tenture.



- Darilyn ?
Blostma aperçut la jeune femme, recroquevillée sur elle-même à l'entrée du chariot, et son inquiétude augmenta d'un échelon. Certes, la danseuse traversait parfois des instants difficiles, mais jamais pendant une représentation. La Rohirrim avait compris, avec raison, que ces moments n'étaient, au contraire, que libération et bonheur pour la blonde Harondorienne. Alors, que se passait-il ? Elle vint s'asseoir aux côtés de sa jeune camarade, qui releva brièvement des yeux humides à son arrivée.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
s'inquiéta-t-elle doucement, tout en posant une main consolatrice sur l'épaule qui tressautait sous les sanglots. Darilyn ne répondit rien, secouant seulement la tête négativement. Non, elle ne voulait pas parler, pas expliquer, pas plus que retourner de l'autre côté de la tenture, au vu des hommes du Harad. Sa négation allait plus loin encore. Non, ne t'occupe pas de moi, oublie-moi, je ne suis qu'une ombre porteuse de malheur. Elle en était venue à la conclusion qu'il vaudrait mieux se donner la mort elle-même, pendant qu'elle était encore libre, plutôt que de retomber en servitude parmi les bandits Haradrims, en entraînant du même coup ses amis Rohirrims dans sa déchéance... La voix de Blostma la tira une seconde fois de ses sombres projets.

- Allez, Dari. Tout le monde t'attend !
La musicienne espérait que l'évocation de la scène, qui dénotait en même temps de l'importance du rôle de Darilyn, secouerait cette dernière, mais peine perdue. La demoiselle trouva cependant le courage de desserrer les lèvres, en un murmure assaisonné d'une nouvelle dénégation de la tête.
- J'irai pas...
La jeune femme refusait d'aller danser et chanter ? Alors qu'elle y courait habituellement, pleine d'enthousiasme ? Et pourquoi restait-elle ainsi muette sur les causes de sa détresse ? Ne leur faisait-elle donc pas confiance ?
- Comme tu veux.
Un silence. Darilyn s'enfonçait dans son refus de communication et ses perspectives morbides, et Blostma se demandait que faire pour la consoler. Elle ne savait même pas ce qui la tourmentait ainsi, comment pourrait-elle alléger son fardeau si elle en ignorait jusqu'à la nature ?

- Dis-moi au moins ce qui ne va pas...
Toujours pas de réponse. La mélodie n'avait pas cessé, et parvenait jusqu'à elles, amputée de la percussion. De l'autre côté, les trois musiciens restants continuaient à assurer leur rôle, mais le fait de ne pas voir revenir Blostma, pas plus que Darilyn, les inquiétait. Il devait se passer quelque chose de plus grave qu'ils ne l'auraient cru, pour qu'aucune des deux femmes ne réapparaisse. L'air s'étant achevé sans intervention de leur chanteuse, tous trois échangèrent des regards interrogatifs. Fallait-il continuer malgré tout, ou bien arrêter purement et simplement, pour aller voir ce qu'il arrivait à Darilyn et Blostma ? Ils ne remarquèrent pas que le groupe de Haradrims, qui riaient de façon sonore quelques instants auparavant, s'était maintenant éclipsé.
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MessageSujet: Re: DARILYN   DARILYN EmptyVen 16 Jan 2009 - 1:05

Deuxième tournée...
*************************************************************



La réaction des bandits, Darilyn l'avait bien devinée. Elle connaissait assez ces lascars pour prévoir leur comportement : les trois visages qu'elle avait entr'aperçus n'étaient pas les seuls. Cette maudite escarmouche, en plus de leur faire perdre leur blonde captive, avait aussi coûté la vie à une bonne partie d'entre eux. Pour autant, la bande ne s'en était pas avouée vaincue, et l'Olifant s'était employé à la reconstituer : d'ailleurs, qu'est-ce que les survivants auraient bien pu faire d'autre ? Le brigandage était ce en quoi ils réussissaient le mieux. Vivre honnêtement ne les intéressait pas, cette éventualité ne leur serait pas même venue à l'esprit. Leur métier un peu spécial leur apportait aventures, prestige et satisfaction, bien mieux que n'aurait su le faire n'importe quelle occupation plus ordinaire, dont le quotidien leur aurait semblé totalement insipide. Les arrières de tavernes glauques, c'était leur milieu, là ils se sentaient bien, à leur place, dans leur élément.

La bande avait donc intégré de nouvelles recrues pour continuer à mener ses exactions, et cela n'avait pas constitué une grande difficulté : le Harad n'avait jamais été réputé pour la richesse de ses terres, ni pour le pacifisme de ses habitants. Le groupe s'était globalement rajeuni, mais il n'en comptait pas moins plusieurs individus qui reconnaîtraient Darilyn sans peine, et avec grande satisfaction. L'Olifant, après avoir informé ses deux camarades de l'identité de la danseuse, et évoqué les plaisants moments pendant lesquels cette petite Harondorienne était encore sous leur coupe, était reparti avec eux, pour rejoindre le reste de ses hommes. La gamine, avec ses différents talents, leur avait rapporté gros sans qu'ils ne se donnent trop de peine. Sans compter combien elle avait pu leur être utile, et combien ils avaient pu s'amuser avec elle.

Le chef des Haradrims était plutôt étonné de la retrouver ici, mais il n'en laissa rien paraître. Comment se faisait-il qu'elle ait survécu après cette bataille, abandonnée à elle-même en un lieu inconnu ? Et qu'elle ait échappé à ceux d'entre eux qui étaient encore valides ? Il savait bien qu'elle n'avait aucune prédisposition pour se cacher ou résister à l'extérieur, et même si cela avait été le cas, elle n'était pas équipée pour cela... Il faudrait qu'il tire les choses au clair une fois que tout serait rentré dans l'ordre, mais pour l'instant, l'important était de mettre au point un plan pour la récupérer... L'entreprise devrait être aisée, il était conscient de son emprise sur elle, c'était si facile de la terroriser ! Et ce n'étaient pas quatre faillis musiciens, dont deux femmes, en plus, qui allaient arrêter la bande de l'Olifant.



A l'entrée du chariot de la 'Pleine Lune', Blostma s'escrimait à tenter de comprendre ce qui bloquait Darilyn ainsi.
- Dari... tu t'es fait mal ? tu ne te sens pas bien ?
La percussionniste était plutôt persuadée du contraire, aussi ne fut-elle pas surprise par le hochement de tête négatif qui lui répondit.
- ...pas y aller... peur...
- Peur ? De quoi donc ?
Blostma ne put cacher son étonnement. Qu'est-ce qui avait le pouvoir de terrifier sa jeune camarade à ce point ? Dans une bourgade que rien ne différenciait fondamentalement de celles qu'ils avaient parcourues les jours, les mois précédents ? Quel était donc le détail, qui avait échappé aux Rohirrims, et faisait perdre ses moyens à la Harondorienne ?
- Des gens... sur la place...

Elle ne s'était absolument pas attendue à cela. A bien y réfléchir, cela paraissait parfaitement ridicule. Qu'est-ce que Darilyn pouvait donc craindre ? Il y avait toujours eu des gens de toutes les sortes dans leur public, mais jamais cela n'avait causé de problèmes pour les baladins. Les spectacles constituaient comme une trêve, pendant laquelle voleurs et assassins se mêlaient aux marchands et aux paysans, pour assister à la prestation en faisant fi de leurs différences. Certes, le tableau n'était pas forcément aussi idyllique : il y avait bien quelques coupeurs de bourses, qui profitaient de l'occasion pour délester de leur or les badauds, pendant que leur attention était toute tournée vers la scène, mais rien de bien méchant, de l'opinion de Blostma. Pour autant, elle n'était pas prête à abandonner Darilyn à son angoisse, d'apparence si irrationnelle.
- Allons, tu n'as rien à craindre, personne ne te fera de mal. Et puis, de toute façon, nous sommes là.

Cela n'eut pour effet que de faire redoubler les sanglots de la jeune femme. Par moments, elle est incompréhensible, songea la Rohirrim en lui entourant les épaules, d'un geste très maternel. A nouveau, un moment de silence se passa, qu'elle ne chercha pas à rompre. Puis une clarté se fit dans son esprit. Si Darilyn réagissait parfois en dépit de toute logique, ses camarades avait cependant remarqué une constante : tout ce qui semblait vouloir toucher à un passé que, soigneusement, elle s'efforçait de voiler, la mettait dans des états impensables. Se pourrait-il que cette fois encore, il s'agisse de ce genre de réminiscences ? La musicienne prit sa voix la plus apaisante.
- De mauvais souvenirs ?
Cette fois-ci, le hochement de tête fut affirmatif, et Darilyn se recroquevilla de plus belle. Mauvais était un euphémisme. Et, aussi loin qu'elle ait cru les avoir enterrés dans sa mémoire, voilà que des sensations déferlaient en elle sans discontinuer. Sifflement de la lanière de cuir du fouet, dont l'Olifant distribuait les coups avec tant de générosité. Goût de cette herbe dont ils la droguaient pour lui faire faire toutes leurs volontés sans qu'elle ne résiste. Contact de mains rêches et brutales contre sa peau... Elle ne savait plus si Blostma lui parlait toujours de son ton rassurant, ou si elle s'était tue, et restait enfermée dans l'horreur qui avait été son quotidien durant cette partie honnie de sa vie.



- Qu'est-ce qui se passe ?
La voix, empreinte d'inquiète sollicitude, était masculine. Eohlig s'accroupit devant la danseuse. Il avait délaissé flûtes, chalémie et cornemuse pour venir aux nouvelles, alors qu'aucune des deux femmes ne réapparaissait. Sa compagne le mit rapidement au courant du peu qu'elle était parvenue à comprendre.
- Il ne faut pas t'en faire, Dari. On ne laissera personne s'en prendre à toi...
tenta-t-il. Blostma lui jeta un regard dépité, qui semblait dire : " j'ai déjà essayé ça, mais ça ne marche pas. " Si un fait était certain, c'était qu'ils devraient se passer de la jeune Harondorienne pour ce soir. Cependant, ils ne pouvaient pas se permettre de tout annuler. Les villages qu'ils traversaient en ce moment ne comptaient pas parmi les plus riches, bien au contraire. Leurs habitants avaient donc autre chose à faire de leurs pauvres revenus, que de les abandonner à des saltimbanques.
- C'est pas grave, Dari, tu peux rester là... Nous, on doit continuer,
expliqua gentiment le rouquin, sans savoir si Darilyn l'entendait vraiment. Il se releva et, prenant Blostma par la main, l'entraîna en direction de la scène.

C'est ça, partez, abandonnez-moi, songea sombrement la jeune femme. Je ne vaux pas que vous vous attardiez, de toute façon, je ne peux rien vous apporter de bon. Elle ne remarqua pas l'hésitation du couple, ni ne perçut les mots qu'ils échangèrent à voix basse en rohirrique.
- Tu restes avec elle ? Je crois qu'il ne vaut mieux pas la laisser seule...
Avec un regard vers la danseuse, Eohlig opina gravement.
- Je leur expliquerai,
ajouta sa compagne avec un signe en direction de Brimfugol et Preosthwit, qui assuraient toujours le spectacle de leur duo violon - cithare. Lorsque les derniers échos de la mélodie en cours furent totalement éteints, Blostma disparut de l'autre côté de la tenture, tandis qu'Eohlig revenait aux côtés de Darilyn.

Rien ne semblait pouvoir apaiser la blonde Harondorienne, aussi resta-t-il plutôt silencieux, pas que sa détresse ne le touche pas, mais aucune idée valable ne lui venait pour y remédier. La seule chose à laquelle il parvint, fut de la convaincre de s'enrouler dans sa cape de voyage, pour qu'elle ne prenne pas froid. Son costume de scène était bien trop léger pour qu'elle reste ainsi immobile à la fraîcheur de la nuit. Il ne manquerait plus qu'elle tombe malade !



Quelques mots murmurés par Blostma avaient suffi pour faire comprendre la situation aux deux autres musiciens. Tant bien que mal, les Rohirrims menèrent leur prestation à son terme, non sans en avoir largement modifié le programme. Duos et trios à géométrie variable se succédèrent, sans chant ni danse. Cela leur sembla bien étrange, et pourtant, le temps où la 'Pleine Lune' ne comptait que quatre membres n'était pas si éloigné. Cette époque leur apparaissait malgré tout comme révolue, leur jeune camarade s'étant intégrée si totalement au reste de la troupe. Et tous entendaient bien qu'elle y reste, à moins, naturellement, que ce soient ses choix personnels qui l'entraînent loin de la roulotte à l'astre nacré.

Pour le moment, les musiciens se relayaient, afin que l'un d'eux au moins reste auprès de Darilyn. Celle-ci avait finalement séché ses larmes, mais refusait toujours de parler, de s'expliquer, et pas un des baladins n'insista. Ce n'était pas l'un d'eux qui viendrait retourner le couteau dans la plaie, rien que pour assouvir sa curiosité. Que lui était-il donc arrivé de si terrible dans sa jeune vie ? Certes, lorsque l'on se retrouve loin des siens à son âge, sur les routes, ainsi que lorsqu'ils l'avaient rencontrée, cela laisse présager un passé difficile, mais au point de ne pas même pouvoir en toucher un mot, d'être incapable d'expliciter ses peurs ?



L'ambiance était plus lourde qu'à l'accoutumée, alors que le démontage de la scène s'amorçait. Brimfugol, elle, passait au milieu des spectateurs pour récupérer les piécettes qu'ils voudraient bien leur laisser. Leur adaptation imprévue à l'indisponibilité de la danseuse avait dû se ressentir, car la récolte n'était pas aussi bonne qu'à l'accoutumée, même comparée aux villages tout aussi pauvres traversés les jours précédents. Quand les amuseurs eux-mêmes étaient inquiets, comment pouvaient-ils faire oublier leurs soucis quotidiens aux spectateurs, venus avec l'espoir de profiter d'un moment de détente ? Cette fois, ils auraient gagné encore moins que peu... Tant pis, ils devraient faire avec, songea Brimfugol, tout en gardant l'espoir de mieux réussir la prochaine fois.

Darilyn s'était jointe aux autres Rohirrims pour aider au rangement de tout le matériel. Plus vite le chariot de la 'Pleine Lune' aurait quitté cet endroit, mieux elle s'en porterait. Alors que, sur la place, la foule se dispersait tranquillement, la jeune femme se prit à espérer que rien n'allait se passer. Que les Haradrims ne chercheraient pas à la reprendre sous leur contrôle. Qu'ils quitteraient la région tous les cinq sans problème. Que peut-être, les bandits ne l'avaient pas vraiment reconnue, ou qu'ils l'avaient oubliée, ou encore que la présence de ses quatre aînés avait suffi à les dissuader d'entreprendre quoi que ce soit... C'était ridicule, elle en avait conscience, mais ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'elle passerait entre les mailles du filet, qu'elle pourrait continuer à vivre de ce qu'elle aimait faire, sans entraves ni contraintes. Que l'histoire ne se répéterait pas. Que les Valar ne permettraient pas à nouveau une telle injustice.



Mais les Valar avaient certainement d'autres soucis que la destinée d'une fille de paysans, d'une jeune humaine comme il en était tant. Non, la bande de l'Olifant ne comptait pas, mais alors, pas du tout, la laisser repartir librement. Ils attendaient simplement leur heure, le moment opportun, où la place se serait vidée de ses spectateurs, et où les baladins repartiraient sur les routes désertes, alourdis par leur chariot. Là, il serait aisé de les arrêter pour réduire leur troupe d'une personne, voire de pousser leur action plus loin au cas où ils ne se montreraient pas coopératifs. Des musiciens, ça ne savait certainement pas se battre, et surtout pas contre des brigands endurcis.

Leur chef avait rejoint ses hommes dans une arrière-salle du cabaret de cette bourgade, et il n'avait pas fallu longtemps pour leur exposer l'affaire. On avait commandé une nouvelle tournée et trinqué à la réussite de l'affaire, puis une autre pour fêter le retour indubitable de la petite Harondorienne blonde. C'est qu'on allait pouvoir s'amuser ! Ces joyeux préparatifs effectués, chacun était aller se poster là où il était convenu : il n'y avait de toute façon qu'une route digne de ce nom qui traversait le village, et il n'était pas difficile de deviner que la 'Pleine Lune' repartirait du côté opposé à celui par lequel elle était arrivée. Leurs renseignements pris, les Haradrims n'avaient donc plus qu'à attendre le passage du chariot, en bordure du chemin qui serpentait en direction de l'Est.
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